Chamonix - Zermatt par la haute route en trail sur 6 jours
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ToggleChamonix - Zermatt, c’est quoi ? Et pourquoi ?
Ce trek d’environ 200 km pour près de 12 000 m de dénivelé positif est considéré comme l’un des plus beaux d’Europe. Il relie deux capitales mondiales de la haute montagne : Chamonix, au pied du Mont-Blanc (France, Haute-Savoie), et Zermatt, blottie au pied du mythique Cervin (Suisse, Valais). Entre ces deux géants alpins, l’itinéraire traverse des vallées préservées, longe des glaciers étincelants et frôle des cols flirtant avec les 3 000 m d’altitude.
Moins connue que le Tour du Mont-Blanc, la Haute Route se décline en plusieurs versions : à ski de randonnée, en alpinisme glaciaire ou encore dans sa variante Walker’s Haute Route ; accessible sans matériel technique mais pas sans effort ! C’est cette dernière que nous avons choisie, en mode rando/trail sur 6 jours, en totale autonomie. Un terrain parfois technique, souvent exigeant, mais toujours grandiose, avec en toile de fond le royaume des 4000 suisses.
Dans cet article, je vous emmène sur notre parcours, étape après étape, avec nos itinéraires, impressions et quelques astuces. La météo nous ayant joué un vilain tour en fin de séjour, nous avons dû interrompre l’aventure à Zinal. Mais pas question de vous priver de la suite : je détaillerai aussi les dernières étapes pour que vous puissiez les intégrer à votre propre projet.
Notre traversée
Selon l’itinéraire choisi, le kilométrage et le dénivelé peuvent varier : jusqu’à 225 km et presque 15 000 m de D+.
Pour nous : environ 180 km pour 12 000 m de D+.
Détail des étapes
- Argentière → Champex-Lac : 30 km – 2 450 D+ – 8h30
- Champex-Lac → Lac des Dix : 41 km – 3 200 D+ – 10h30
- Lac des Dix → Les Haudères : 24 km – 700 D+ – 5h
- Les Haudères → Zinal : 25,5 km – 2 300 D+ – 6h30
- Zinal → St Niklaus : 35 km – 2 200 D+ – 9h
- St Niklaus → Zermatt : 23 km – 700 D+ – 5h
Jour 1 : Argentière → Champex-Lac
Pour cette première journée, notre Blablacar nous déposait directement à Argentière. Nous avons donc démarré d’ici, en zappant la première portion Chamonix → Argentière (environ 15 km de moins).
Première étape : le col de Balme (2191 m). Sentiers roulants, pente douce, on monte vite, presque trop vite. Mais là-haut, un vent bien frais nous surprend tout autant que le monde présent (on croise ceux qui font le Tour du Mont Blanc). On enfile vite une couche avant de filer vers les Grands Dessus, où un refuge offre une vue magique sur le glacier de Trient.
C’est là qu’on réalise qu’avec la météo du moment, dormir au-dessus de 2 000 m risque d’être compliqué. Et comme la législation suisse sur le bivouac est, disons, pointilleuse, on vise surtout des campings dans les villages traversés.
Pause bien méritée, puis descente rapide vers le Chalet du Glacier (aucune difficulté technique ici). Cette portion est une variante du TMB, bien moins fréquentée que l’itinéraire principal. Ensuite, direction la Fenêtre d’Arpette (2665 m) : 1 100 D+ sur 3,5 km, la partie technique commence. Arrivés en haut, mollets bien chauds, on bascule vers Champex-Lac. La descente est très technique (et comme d’habitude, je ne suis pas hyper à l’aise), alors on prend notre temps.
Au village, petit resto pour se remplir l’estomac, puis on pousse encore un peu après Champex-Lac pour trouver un coin discret où planter la tente. On tombe sur d’autres randonneurs en bivouac, et on s’installe à proximité, trois kilomètres avant Orsières.
Une première journée remplie de paysages magnifiques, ça commence fort !
Jour 2 : Champex-Lac → Lac des Dix
Nuit fraîche. On avait prévu de dormir au Lac des Dix (2 300 m), mais vu la météo, on change de plan. On réserve finalement la cabane de Barmaz (refuge non gardé, mais ultra bien équipé).
On pensait faire 2 000 / 2 500 D+ sur la journée. Bilan : 3 200 D+ sur 25 km. Voilà, l’échauffement est terminé.
La matinée est une étape de transition pour traverser la vallée. On choisit l’option la plus courte (route + sentier) et évitons un col forestier. 15 km roulants avec paysages incroyables. Certains randonneurs coupent en bus pour gagner du temps, nous, on voulait tout faire à la force des jambes.
À Le Châble, ravitaillement complet avant d’attaquer la montée. Deux options : passer par Verbier puis la cabane du Mont Fort (plus long mais qui permet de visiter la station), ou passer par le col Termin et d’obsever le lac de Louvie. On prend cette deuxième option, plus sauvage et complètement coupée du monde. Vue imprenable, chamois, marmottes, un rêve.
Du lac, sentier des chamois jusqu’au col de Louvie (2 921 m), puis décor minéral et désertique. On enchaîne avec le col de Prafleuri (2 987 m), un passage très technique où la progression est assez lente puis on redescend au refuge du même nom (possibilité de dormir ici), mais on file vers le col des Roux (2 804 m) et enfin la cabane de Barmaz. Arrivée à 21h15, complètement rincés.
Le refuge est parfait : chaud, couvertures, eau, boissons chaudes, pour 20 CHF. Rapport qualité/prix imbattable.
Jour 3 : Lac des Dix → Les Haudères
Départ tardif pour reposer le corps (10h). On longe le lac rapidement sur 4km, c’est roulant, la vue est incroyable, le soleil réchauffe les corps avant d’entamer la montée et 700 D+. Le sentier se fait plus technique, surtout au niveau du col de Riedmatten (2919 m) mais la vue tout du long sur le glacier est incroyable. On devait passer par le Pas de Chèvre, un col se situant juste après et avec un passage technique composé d’échelles, mais le sentier était fermé. La dernière portion juste avant le col est très raide et glissante, mais les mains courantes permettent de bien avancé. On bascule ensuite de l’autre côté, nouvelle vallée qui s’offre à nous, tout aussi magnifique qu’avant. Le début de la descente se fait glissante mais on arrive vite sur des sentiers roulants jusqu’à atteindre Arolla. Pause resto, où la question se pose : que faisons-nous ensuite? Au départ, nous voulions avancer jusqu’à Zinal, mais avec l’étape de la veille, l’heure et la fatigue : impossible. On décide tout de même d’avancer jusqu’au bas du prochain col : aux Haudères où un camping et une douche bien chaude nous attend. 10 km facile en descente, en 1h30, le tour est joué. Il est relativement tôt (16h), place au repos pour repartir de plus belle le lendemain.
Jour 4 : Les Haudères → Zinal
Corps reposé = motivation à bloc. Direction le col du Tsaté (2 868 m) : 1 400 D+ en 8 km. Raide mais pas trop technique. On avance bien et en à peine 2h30 nous arrivons en haut. Le temps se couvre, il fait moins chaud que la veille, on enfile vite des couches pour se réchauffer et poursuivons le chemin. Descente avec vue incroyable sur le glacier et le lac de Moiry. On longe le lac par le haut car la vue est à tomber. Autre possibilité : redescendre et le longer par le bas ou faire le tour. Nous progressons rapidement sur cette portion, avec pauses fréquentes pour les photos et arrivons au barrage où nous déjeunons. Le froid est encore plus présent, on enfile encore plus de couche.
Deuxième et dernier col de la journée, le col de Sorebois (2 812 m). Le sentier est large, pas technique et la montée se fait rapidement. Un dernier regard sur cet incroyable lac et nous découvrons la vallée de Zinal en contrebas. Les nuages nous cachent les sommets environnements, mais nous sommes habitués. La descente est très roulante et rapide, on longe les pistes de ski avant d’arriver sur Zinal. Pause ravito et direction le camping qui se site à 1,3km du centre. Le gardien du camping nous informe d’une météo très capricieuse cette nuit et demain, on doute un peu mais on verra bien. Place au repos.
Jour 5 : Zinal → (annulation)
Le gardien avait raison : pluie, froid (4°C) et neige tombée à 2 200 m. On hésite de nombreuses heures à avancer au prochain point (Grubben) malgré tout mais la raison prend le dessus et on ne prend aucun risque. Les cols à passer sont à plus de 2900 m d’altitude, c’est dangereux de s’aventurer sur des terrains que l’on ne connait pas et dans ces conditions.
Frustrés ? Un peu. Mais contents d’avoir été raisonnables : mieux vaut revenir en pleine forme que de forcer et se mettre en danger.
Voici tout de même le tracé des 2 prochaines étapes que nous aurions dû réaliser (et que nous ferons une prochaine fois, le Cervin, on veut le voir de près voyons) :
- Zinal -> St Niklaus
- St Nikaus -> Zermatt
Conclusion
Chamonix–Zermatt par la Haute Route, c’est exigeant, technique et parfois impitoyable.
Ça m’a souvent rappelé le GR20 : kilomètres qui défilent lentement, terrains qui ne pardonnent pas.
Mais les paysages… wow. Les 4 000 m autour, les lacs, l’isolement, ça vaut chaque goutte de sueur.
De plus, c’est une traversée pas très fréquentée.
Alors certes, il y a plein de zones touristiques – je pense notamment au col de Balme, au lac des Dix, au lac de Moiry – mais, dans l’ensemble, on pouvait se retrouver des heures seuls, perdus dans la montagne.
Je pense notamment au deuxième jour, après avoir passé Le Châble : une journée hors du temps.
J’en garde des images et souvenirs pleins la tête et j’ai hâte de retourner en Suisse pour découvrir de nouveaux paysages et enfin voir le Cervin autrement qu’en carte postale.
Trucs & Astuces
- Bivouac : en Suisse, autorisé au-dessus de 2 000 m (hors zones protégées), mais variable selon les cantons. Toléré en urgence (poser tard, partir tôt). Beaucoup de campings (env. 30 CHF) = douche chaude garantie.
- Cabane de Barmaz : 20 CHF, tout confort (sauf douche), rapport qualité/prix imbattable.
- Wifi : demander dans restos/cafés, aucun souci.
- Eau : noter les points ou utiliser une appli (Maps.me), certaines sections sont longues sans eau. Filtre conseillé (on l’a utilisé une fois).
- Raccourcis : bus ou remontées mécaniques possibles pour certaines étapes.
- Météo : prudence, réseau souvent absent.
- Gîtes : nombreux le long du parcours.


























