La MCC 2025

Introduction

J’ai hésité à écrire un article sur cette course car je pensais ne pas avoir grand-chose à raconter. Avec cette quête des kilomètres où un marathon devient presque banal, je me disais : « Parler d’un 40 km en montagne, ça ne va pas intéresser grand monde. »
Et pourtant, je prône toujours le fameux « il ne faut pas minimiser les distances ». Faire un 10 km ou un 100 km, dans les deux cas c’est dur. Ce sont des efforts complètement différents et il en faut pour tout le monde. Et lors de la MCC, je me suis dit : « Mince, je galère beaucoup plus que sur mon 100 km de la Maxi Race ! »
Bref, je vais vous raconter ma course : la MCC, qui s’est déroulée le 23 août 2025 à Chamonix pendant la grande semaine de l’UTMB.

La MCC, c’est quoi ?

Martigny – Combe – Chamonix. 40 km pour 2300 m de dénivelé positif. En gros, on monte pendant 18 km et ensuite, on redescend.
C’est une course réservée aux bénévoles, aux locaux et aux partenaires. Comme je suis bénévole depuis deux ans sur l’UTMB, j’ai pu m’inscrire et participer cette année (oui, il faut avoir été bénévole l’année précédente).

Mes objectifs 2025

Ma saison 2025 s’articulait autour de nouveaux objectifs :

  • performer sur des formats plus courts, comme la Super Cilaos Women Trail où je termine 3ème (voir mon article) ;
  • tester les longues distances (Le Poon Tour, la Maxi Race 2025).

La MCC s’inscrivait donc dans un objectif de performance.
Depuis presque un an, j’ai adapté mes méthodes d’entraînement, appris énormément de choses et je les applique du mieux possible. Je constate une progression rapide alors qu’avant je stagnais, je me dégoûtais et je souffrais beaucoup trop (physiquement comme mentalement), aussi bien en course qu’à l’entraînement.

Mon quota d’entraînement

Je garde le même rythme que pour ma préparation aux ultras : je cours 5 à 6 fois par semaine, j’ajoute des sessions de vélo (coucou l’entraînement croisé !) et j’applique la règle du 80/20 : 80 % d’endurance fondamentale, 20 % d’intensité (piste, côte, seuil… bref, on fait bosser le cœur).
En 2025, ma moyenne tourne autour de 60 km/semaine et 2600 m D+. Bien sûr, ça varie : certaines semaines explosent les compteurs (comme quand j’ai fait Chamonix-Zermatt ou le GR20 en 6 jours), d’autres sont beaucoup plus calmes (repos, récup’, déconnexion).

Mes ambitions

En analysant mes données, j’estimais un temps autour de 5 h. Ambitieux, sachant que mon point faible ce sont mes jambes (et ma tête). J’ai développé du muscle, accumulé du dénivelé, mais dès que ça tire, c’est difficile pour moi de garder le mental.
Je pars donc sereine mais réaliste : entre 5 h et 5 h 20, ce serait top ; ne pas dépasser 5 h 30, c’était l’objectif minimum.

Jour de course

Lundi 23 août 2025 – 9 h, Martigny.
Après un trajet en bus depuis Chamonix et une sieste qui m’a plus fatiguée qu’autre chose, je retrouve Alan et Louis, des copains bénévoles rencontrés l’année précédente. On s’échauffe, on discute objectifs, et hop, direction la ligne de départ.

On se place tardivement, le sas est blindé. On tente de se faufiler et récolte au passage quelques remarques (« tout le monde aimerait être devant ! »). Oups, pardon.

10 h : le départ est lancé.
Ça part très fort. La course attaque direct par une montée sur route. Je cours, comme tout le monde, mais je sais que c’est mon terrain, donc pas de panique (suis-je une routière plutôt qu’une traileuse ?).
Louis file devant. Moi, je temporise : pas question de partir dans le rouge. Je vise un ressenti équivalent à 160 bpm (je ne regarde jamais mes données en course, faussées par le stress et l’adrénaline). Nicolas, un autre copain bénévole, me double aussi, il vise moins de 5 h. Je l’encourage et continue à mon rythme.

La pente est raide, je sens la fatigue accumulée (merci l’assistance sur l’Échappée Belle le week-end précédent). Je croise Mathis Dumas (oui, le guide de haute montagne qui a emmené Inoxtag sur l’Everest). Je le suis un moment, puis le perds de vue après le premier ravito. Mais je connais son niveau et me mets un plan en tête : le rattraper un peu plus tard et finir devant (oui je suis compète aussi).

Km 7 – 1000 D+

Premier ravito au col de la Forclaz. L’ambiance est dingue, je ne m’attendais pas à autant de monde. Je pensais que les supporters venaient surtout pour les finales (OCC, CCC et UTMB) et suis agréablement surprise. Flasques remplies et c’est reparti.
La montée vers le Col de Balme est un single. Je double pas mal de monde avant d’atteindre le refuge du Trient, un regard vers le glacier et cette vue magnifique, nous sommes passés ici il y a quelques semaines pendant Chamonix-Zermatt, ça rappelle des souvenirs. Le sentier qui suit est un faux plat descendant / montant, bref objectif : courir cette section pour arriver rapidement au col mais les bouchons compliquent les choses. Et là, grosse frustration : impossible de doubler, même en demandant plusieurs fois poliment. On me bloque, je tombe même à cause d’un gars qui ne veut pas me laisser passer.
Intérieurement, je boue. J’ai déjà vécu ça, mais là c’était abusé. Derrière, des coureurs disent : « Laissez passer, elle joue sûrement un top 20, pas nous, c’est normal de laisser passer ! » mais rien à faire. Dix minutes perdues à marcher derrière des gens qui avançaient prudemment.
Je fini par doubler ces 6-7 personnes hors sentier car je perdais trop de temps et constate au bout de quelques minutes que personne ne me suit. Ils n’avaient tout simplement pas le même rythme. Bref, égo mal placé, mais je repars frustrée. Je rejoins une fille tout vêtue de rose, avec qui, je ne le sais pas encore, on se bataillera jusqu’à l’arrivée.

Km 18 – 2100 D+

Col de Balme. Ravito express, beaucoup de vent. Je repars direct, c’est le début de la descente.

Je redouble Mathis Dumas, qui est plus en difficulté qu’en début de course. Il tente de me suivre dans ce début de descente, je n’y prête pas attention et ne l’entend plus au bout de quelques secondes. Je lève la tête au même moment et le vois en contrebas du lacet, devant moi et ne comprend pas. De même pour un autre coureur que j’avais dépassé juste avant. Ils ont coupé à travers sentier. Naturellement je leur dis « Mais les gars, pourquoi faire? ». En montagne, on reste sur les sentiers, même si il y a un petit chemin à peine tracé, on évite de l’emprunter pour essayer de respecter au maximum l’environnement qui nous entoure (même si ici, on le sait l’UTMB est  sujet à débat sur ce point, mais là n’est pas le sujet). Cumulé à l’évènement précédent, je suis un peu déçu des évènements que je rencontre dans cette course mais c’est comme ça. Je les redouble sans problème ensuite, mon rythme étant bien plus soutenu à ce moment-là.

La descente jusqu’au Tour se passe bien. Je suis à l’aise, je rattrape du monde. Mais la fatigue pointe. Les faux plats montants deviennent un calvaire : jambes lourdes, moral en baisse.

Km 28 – 2200 D+

Dernier ravito, Argentière. Je marche alors que c’est plat. Mauvais signe. La fille en rose et d’autres me doublent. Coup au moral.
J’envoie « popcorn » à Alex pour lui signaler que je suis en train d’exploser. Et comme si ça ne suffisait pas : je me perds. Je rate un balisage, embarque trois coureurs avec moi, et on perd 5-6 minutes. Merci à l’habitante du coin qui nous a remis sur le bon chemin.

Là, déclic : je suis dégoûtée mais je me mets en mode couteau entre les dents. Je cours partout, même en montée. Je ne veux pas dépasser 5 h 30. J’accélère, rattrape plein de coureurs et lâche tout ce qu’il me reste.

L’arrivée

Je termine en 5 h 25, 21ème femme sur 400. Alex et mes copains m’attendent à l’arrivée.
Frustrée au départ (j’aurais aimé 10 minutes de moins), mais satisfaite après coup : c’était une course exigeante, pleine d’enseignements. Et petite victoire perso : je bats Mathis Dumas (de 30 minutes quand même) et Louis.

Bilan

Cette course m’a appris que les formats plus courts sont intéressants pour performer, mais aussi beaucoup plus durs pour moi que l’ultra. Avec la MCC, j’ai ma réponse : ce que j’aime, c’est l’ultra, le long, l’accumulation d’heures et de dénivelé. Je ne dis pas que je ne ferai plus de formats courts, mais ma vraie passion est là : explorer plus loin et plus longtemps.

Points à améliorer

  • Le mental : apprendre à gérer quand les jambes tirent.
  • Le sommeil : éviter d’arriver avec une dette de sommeil.
  • Les intensités : bosser davantage.
  • Le renforcement : ne pas négliger !

Nutrition

  • 1 gel, 2 purées, 2 barres Ta.
    Je me suis basée sur le plan de la Super Cilaos Women Trail, mais avec moins de gels (je ne suis pas fan). Résultat : j’ai eu l’impression de manquer d’énergie toute la course. Probablement lié au manque de sommeil, mais aussi à une nutrition trop faible : environ 30 g/h de glucides au lieu des 50 visés.
    Je ne compte pas viser les fameux 90 g/h dont tout le monde parle, même en ultra. Mais il va falloir m’entraîner à mieux gérer ça. En entraînement, je ne prends que des compotes… donc pas de miracle si les gels passent mal en course.

Un gros axe de travail pour la suite !

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