Le semi-marathon des Sources du lac d’Annecy 2025

Introduction

Septembre 2025. Je viens tout juste de terminer le GR20 en 6 jours quand je reçois un message d’une copine :
« Coucou Manon, je fais le semi-marathon des sources du lac d’Annecy dans 3 semaines et ma sœur devait le faire aussi, mais finalement elle ne peut pas. Tu serais intéressée ? Ou quelqu’un que tu connais peut-être ? »

Je regarde mon calendrier : j’ai Le Dernier Homme / Dame Debout mi-octobre, toute ma préparation est tournée vers cet objectif. Mais en voyant que le semi est deux semaines avant, je me dis que c’est faisable et que ça n’entachera pas ma course principale.
J’accepte donc avec plaisir : je n’ai jamais fait de semi-marathon en compétition de ma vie. Ça me fera un chrono de référence sur cette distance.

Mon histoire avec la distance semi-marathon

Quand j’ai commencé à courir, je faisais absolument n’importe quoi. Je ne connaissais rien, je mettais un pied devant l’autre en essayant d’aller le plus vite possible à chaque séance. J’aimais ça, mais je ne me posais aucune question sur la préparation d’une course.

En 2020-2021, je suis en école d’ingénieur. Je cours parfois 5–10 km sur les quais de Rouen, souvent accompagnée de Nicolas, un copain qui fait de l’athlétisme et s’y connaît largement plus que moi. Mais à cette époque, soyons honnêtes : on était plus motivés pour faire la fête tous les soirs que pour s’entraîner. Donc forcément, ça n’encourageait pas trop à devenir assidue. J’écoutais tout de même ses conseils « au cas où » un jour je ferais une course.

Entre notre 4e et 5e année, nous devions développer un projet sportif : expliquer le projet, préparer un entraînement adapté, le réaliser, puis en faire une présentation orale.
En discutant avec Nico, je lui annonce que je vais faire un semi-marathon. Mais en off, sans dossard, juste moi. Je construis un petit plan d’entraînement, copie des séances trouvées sur Internet, fais mes premiers fractionnés (sans montre, sans rien), et quand j’y repense, oui : je faisais clairement n’importe quoi, mais bon, c’était ok.

Le temps passe et j’arrête de courir à cause de douleurs aux périostes. Pas très assidue dans quoi que ce soit à cette époque, je me dis que tant pis, je verrai bien si je fais ce semi. Au pire, je dirai que j’étais blessée. Une mauvaise note ? Pas grave.

A cette époque je suis en stage sur Marseille et je reçois un message de Nico (en stage à Rouen) : « Je viens te voir quelques jours à Marseille avec les copains. On fait ton semi ce week-end. » Allez, top. Au moins il sera fait, et en plus à deux !

Veille du semi : on est entre copains, on mange bien gras au resto, on se couche tard. Le lendemain, au lieu de partir tôt (7–8 h), on démarre vers 10 h, en plein mois de juillet à Marseille, sans eau. Voilà voilà. Petit bonus : aucun itinéraire. On s’est dit qu’on improviserait.
Résultat ? C’était horrible. Je souffre de la chaleur, des pieds, du fait de courir 21,0975 km non-stop (enfin, faux : on s’est arrêté à chaque fontaine comme si notre vie en dépendait). On fait des allers-retours sur le Prado, on tourne autour de l’hippodrome car on ne sait plus où aller, et chaque kilomètre on regarde sa montre en se demandant : « Mais pourquoi on fait ça ? »

On finit par terminer. Je voulais faire 2h, on fait 2h05 (dans mes souvenirs). J’ai les pieds en sang avec mes chaussures trouées et je me dis : plus jamais. Après ça, je n’ai jamais eu l’idée de prendre un dossard sur semi.
Le premier “vrai” dossard route que j’ai pris volontairement, c’est le marathon d’Annecy 2024. A cette période, je m’entraîne déjà beaucoup mieux, je cours plus régulièrement, je comprends les bases : EF, fractionné structuré, sorties longues etc. Je boucle le marathon en 3 h 38. Objectif réussi (je visais un sub3h45).

Eté 2021 – Marseille (Plage du Prado) après notre superbe Semi-marathon 

Ma superbe première montre de running après ce superbe semi-marathon

La (non) préparation

Depuis plus d’un an, je m’entraîne d’une manière complètement différente. J’ai appris, testé, progressé, et j’ai compris que courir une course sans préparation et sans connaissances, c’est le combo parfait pour se blesser ou se dégoûter. Mon volume d’entrainement est beaucoup plus conséquent et ma façon de pratiquer est bien différente de l’époque semi-marathon improvisé, ou même de mon marathon en 2024.

Quand j’ai appris que je faisais un semi-marathon dans 3 semaines, j’étais contente. Pas de préparation spécifique par manque de temps, mais je savais que j’avais un bon volume d’entraînement ces dernières semaines (GR20 en 6 jours inclus).
Je me dis que viser 1h30 ou même sub 1h30 est possible avec mon niveau actuel. Je décide de faire quelques séances à allure spécifique pour voir si ça passe, puis aviser.

Volume d’entraînement avant la course

Comme expliqué, mon objectif principal est Le Dernier Homme / Dame Debout. Le semi est donc clairement secondaire.

Je travaille donc mes zones : zone 1 pour 80 % du volume (entraînement polarisé), et zone 2/3 pour le reste.
Mes séances spécifiques pour tester l’allure 4:15 min/km :

  • 4 × 2 km à 4:15 (r : 2’50)
  • 3 × 3 km à 4:15 (r : 4’15)
  • 2 × 5 km à 4:15 (r : 7’)

Tout passe bien. Je suis confiante, même si ça fait longtemps que je n’ai pas couru une course sur route et que tenir une allure régulière me fait toujours un peu peur.

Jour de course

C’est un dossard “last minute”, donc zéro pression. Je retrouve ma copine Loise (celle qui m’a proposé le dossard). On s’échauffe sous la pluie, la météo est optimale pour performer (11°C), même si ce n’est pas très glamour.

Je suis dans le Sas A, le premier, et je me sens comme une impostrice puissance 1000. Même sensation qu’à la Cilaos Women Trail où je n’osais pas me mettre en première ligne, alors que je visais un top 5 et termine 3ème.
Je me cale au fond pour éviter de partir trop vite.

2 personnes viennent me demander le temps que je vise pour savoir si on peut courir ensemble et s’aider, je reste assez vague en annonçant 1h30, et ne me sens pas de suivre l’allure de quelqu’un ou de mener l’allure pour quelqu’un. Je n’ai pas l’habitude de courir en groupe et préfère me concentrer sur mes sensations et ma course. De toute façon, ils visent tous les 2 entre 1h25 et 1h27 donc je ne les suivrai pas.

Je garde tout de même un objectif clair dans ma tête : ne jamais faire 1 km au-dessus de 4:15.

Départ. Ça part vite. Je me cale derrière le meneur d’allure 1h30, puis au bout d’1 km je le dépasse en mode :
“Soit ça passe, soit ça casse.” Spoiler : je ne le reverrai jamais. Tant mieux.

En début de course, petite surprise : 400 m de chemin ! Je ne savais pas. Je me dis : “Trop bien, petite ambiance trail.”
Au km 2, je rejoins Karine, avec qui je ferai quasiment toute la course. C’est drôle, en trail, je ne me fais jamais de copains de course. Et sur un semi, où tout le monde est sérieux, personne ne parle, nous, on discute ! Pas non-stop, mais quand même.

Elle prépare un marathon, teste ses allures, n’a pas de montre donc je lui annonce les nôtres. Quand elle comprend qu’on est sur bases sub 1h30, elle flippe un peu. On se motive. Tous les 5 km, sa fille nous encourage et nous indique notre place : 4e et 5e.
La course est un aller-retour, donc quand je ne vois pas la 3e au loin, je comprends que le podium, ce n’est pas pour aujourd’hui, de toute façon je n’y pensais absolument pas étant donné le niveau qu’i y a sur ces courses.

Au km 10, je prends mon gel (le seul). J’avais demandé conseil à Nonobetems (spécialiste route avec son sub2h30 au marathon incoming). Il m’a dit : eau tous les 5 km, gel toutes les 30–45 min. Pas habituée à manger à ces allures, j’avais testé une fois, histoire de voir si je ne m’étouffe pas. J’ai décidé : un gel, et boire au moins deux fois. Plan respecté. Parfait.

On fait la mini boucle et on croise tous les coureurs du retour. Ambiance de folie, j’encourage tout le monde, je remercie tout le monde. On se croise avec Loise et se crie dessus, bref, c’est bien sympa.

Au km 12, Karine me dit : « Va chercher la 3e place, elle est pour toi ! » Je lève la tête : aucune fille en vue. Donc non, merci, mais non.

Km 15 : le moment où je sais que le plus dur est derrière moi. Je pourrais accélérer, mais je n’ose pas encore. Karine commence à avoir mal aux jambes. Je prends le relais, je l’encourage, elle finit par décrocher. Je lui crie dessus (gentiment) de continuer.
Je relance à partir du km 18. Je sais que le sub 1h30 est acquis. Autant tout donner.

J’arrive en 1 h 27’57’’. Trop contente.


Je retrouve Loise, sa maman, et Alex. Karine arrive 2 minutes après. On termine 4e et 5e femmes.
La 3e finit 1’30 devant, ce n’était pas dans mes cordes pour aujourd’hui.

Classement général : 58/984
Classement femmes : 4/504

Loise bat son PR de 5 minutes. Fière d’elle aussi. Une bonne journée.

Je suis vraiment satisfaite de ma course et du résultat. Sans réelle préparation, je fais un sub 1h30, et je me dis qu’avec une vraie préparation, je peux aller chercher mieux.
Même si le trail reste mon domaine favori, je sais maintenant que je peux aller jouer un peu sur route aussi.

Je peux le dire : je suis réconciliée avec la distance semi-marathon.
Je l’ai même préférée au marathon (même si j’aimerais en refaire un un jour, avec mon niveau actuel).
Et je pense la préférer aussi au 10 km, que je vais tenter dans quelques semaines.

Moral de l’histoire : bien s’entrainer ça paye. Faire une course sans préparation, en freestyle total n’est vraiment pas une bonne idée.

Le parcours

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