L'importance de l'assistance en course

Faire l’assistance, en quoi ça consiste ?

Quand on regarde l’UTMB 2022 et les ravitaillements de Mathieu Blanchard (2 derrière Kilian Jornet sur cette course) avec Alix Noblat, c’est assez impressionnant, et une nouvelle image de la gestion de l’assistance émerge. Ici, on est dans le perfectionnement : un gain de temps, un soutien moral et des encouragements rapides pour ne pas perdre de temps.
Est-ce qu’il faut se comparer à ce type de ravitaillement ? Pour les élites et ceux qui jouent les premières places, pourquoi pas, on peut optimiser son ravitaillement pour être le plus efficace possible.
À notre niveau, je définirais l’assistance surtout comme un soutien moral, une décharge mentale pour ne rien oublier, et une aide logistique pour apporter certaines nourritures dont le coureur a besoin. Mais surtout, cela consiste à prendre le temps d’écouter, d’échanger, de réconforter et de soutenir.
Pas besoin d’organiser un ravitaillement comme nos légendes du trail. Mais encore une fois, ce n’est que mon avis, et mon retour d’expérience sur différentes courses où j’ai eu l’occasion de faire l’assistance de proches.

Sur quel type de course ai-je fait une assistance ?

Je ne suis pas une pro de l’assistance, loin de là. Je laisse Alix Noblat maître de cette discipline (et bien d’autres encore).
Mais j’ai eu la chance de faire l’assistance sur plusieurs ultras et, même si c’est bien épuisant, je suis toujours contente de pouvoir participer à ce type d’aventure.

Quelques courses sur lesquelles j’ai assisté des proches :

  • Le Dernier Homme Debout Malestroit
  • La Diagonale des Fous 2024
  • L’Ultra Terrestre 2025
  • La Montagn’hard 2025

Et à chaque course, j’apprends de nouvelles choses grâce à l’expérience de personnes bien plus expérimentées, et c’est très enrichissant.

Courir ou assister ?

Vivre pleinement ce sport, c’est pouvoir courir ces courses en étant assisté(e) et encouragé(e) par ses proches, mais aussi assister un proche, c’est vivre pleinement l’aventure de l’autre.
On pourrait croire que faire l’assistance, c’est un peu ennuyant, pas très stimulant comparé au fait de courir. Mais on vit les mêmes émotions, un stress constant et une fatigue intense.
Certes, on ne court pas, mais on passe notre temps à conduire, à porter les sacs d’un ravitaillement à l’autre, à surveiller notre montre et le live de la course pour savoir quand notre coureur va arriver.
On espère constamment le/la retrouver en bon état. Il faut être rigoureux, organisé, ne rien oublier. La charge mentale, c’est nous qui la portons, finalement. Et quand on oublie quelque chose, on s’en veut énormément alors que le coureur, bien souvent, ne remarquera même pas l’oubli !

Personnellement, j’adore faire l’assistance sur des courses. C’est hyper stimulant ! Même seule, on se fait des copains d’assistance, on encourage tout le monde, et on vit pleinement une aventure.

En tant que coureuse, j’ai déjà fait des trails (plutôt courts) sans aucun proche ni au départ, ni sur le parcours, ni à l’arrivée, et c’est un peu “triste” de ne pouvoir partager cela avec personne.
C’est tellement plus sympa d’avoir des proches qui vous encouragent ou vous attendent. Je trouve ça impressionnant de voir des coureurs seuls sur des ultras : mentalement, ils sont très forts.
Personnellement, avoir des proches aux ravitaillements m’aide à avancer, à me motiver et à continuer même quand je souffre. Le soutien est énorme et on ne se rend pas compte de l’importance de ces moments, même s’ils ne durent que quelques secondes ou minutes : pour nous, c’est un énorme coup de boost.

C’est pourquoi je pense qu’il faut parfois prendre un peu de temps sur un ravitaillement. Cela permet de recharger les batteries et d’avancer plus sereinement tout au long de la course (si tout va bien physiquement et mentalement).

Un coup de moins bien ? Les proches trouveront les bons mots pour vous remotiver, vous encourager et vous soutenir. Les idées noires peuvent se dissiper petit à petit, et prendre le temps d’être avec eux dans ces moments-là est important.
Mais il est aussi important que l’assistance soit solide mentalement. Si vous arrivez détruit(e) à un ravitaillement et que vos proches ne sont pas prêts et vous disent direct d’abandonner : ce n’est pas une bonne assistance selon moi.

Tout dépend du type d’effort, bien sûr, mais il est normal d’avoir des coups de moins bien sur un ultra. Si vos proches voient que vous êtes au bout et qu’ils vous encouragent à arrêter, vous risquez de céder alors qu’en ultra, on n’est pas supposé être aussi frais qu’au départ.
Le sport, c’est parfois difficile, mais le corps et le mental sont capables de choses incroyables. Vos proches doivent vous remobiliser, pas vous parler d’abandon (sauf cas d’urgence).

Et puis, on crée des souvenirs à vie !
Sur mon premier ultra-trail, la Maxi Race 2025, j’ai eu la chance d’avoir énormément de proches, amis et famille. Clairement, sans eux, la course ne se serait pas aussi bien passée.
À chaque approche d’un ravitaillement, j’étais galvanisée par l’adrénaline de les retrouver.
Tout au long de la course, je pensais à eux, tous en train de m’attendre au prochain ravitaillement, et au bonheur immense que ça m’apportait.
Sur une course longue (~18h), ne pas avoir de proches aurait été très dur mentalement.
Et ces moments partagés resteront gravés dans ma mémoire. C’était mon premier ultra, et cette course, c’était une aventure d’équipe avant tout.

Qu’est-ce que je juge important d’avoir pour un bon ravitaillement ?

Ce qui est important, c’est d’échanger avec votre coureur sur ses besoins nutritionnels avant la course, de définir ce qu’il/elle devra avoir à tel ou tel ravito, et de tout organiser autour.
Il faut aussi anticiper les petits pépins : chaussure qui lâche, chaussettes trouées, météo capricieuse nécessitant un change, soucis gastriques, frottements… Il faut prévoir des solutions à tous ces petits imprévus, et avoir le matériel nécessaire.

Le petit plus confortable : la chaise pliante. Pour que le/la coureur·euse puisse s’asseoir (et nous aussi, quand on attend).

En résumé :

  • La nutrition nécessaire (prévue à l’avance)
  • Boissons sucrées type Coca (frais), eau pétillante et eau plate
  • Vêtements de rechange : tenue de trail + tenue chaude à chaque ravito
  • Chaussures de rechange
  • Une serviette pour s’essuyer
    • Du Smecta (oui, les soucis gastriques peuvent arriver)
  • Crème anti-frottement type Nok
  • Une chaise pliante / de camping
  • De quoi dormir en cas de très long format (sac de couchage, matelas gonflable…)

Petite anecdote

Lors de l’Ultra-Terrestre (224 km – 14 000 D+), les conditions météo étaient catastrophiques, surtout la première journée.
Dans le matériel obligatoire : coupe-vent déperlant, lycra, gants et tour de cou. Les coureurs partent pour 40 à 82h d’effort donc il faut se préparer à avoir froid, surtout la nuit à 3000 m.

Alex, qui courait cette course, avait pris la pluie toute la journée et tout son équipement était trempé dans son sac. Bilan : le change qu’il devait mettre pour la nuit n’était plus du tout utilisable et nous n’avions pas prévu de rechange pour le froid dans les sacs de ravito (seulement une tenue sèche de trail). Situation compliquée quand on sait que la suite se fera en altitude et de nuit.
Par chance, j’avais mes propres affaires sèches et chaudes, que j’ai pu lui prêter.

Leçon retenue : maintenant, on prévoit une tenue chaude en plus dans les sacs de ravitaillement, au cas où !

En tant que coureur, est-ce vraiment nécessaire, à notre niveau, d’avoir une assistance ? Mon avis

Sur les réseaux sociaux, on voit souvent la « police des coureurs » juger les gens sur leur équipement, leurs performances :

« Tu cours que 5 km, pourquoi tu portes le dernier sac d’hydratation hors de prix de chez Salomon ? »

Sincèrement, pourquoi toujours juger ce que font les gens ? Si ça les motive, les rend heureux, tant mieux. Ils ne font de mal à personne.

C’est pareil pour l’assistance :

« Pourquoi tu veux une assistance sur un 20/30 km ? C’est inutile, prends les ravitaillements ! »

Mais tout dépend de ce que la personne a envie et besoin.L’assistance, ce n’est pas juste “apporter à manger et au revoir”. C’est, comme je le disais, un instant de partage, de réconfort, d’échange. C’est toujours rassurant de voir un proche, quelle que soit la distance.

Certes, on va avoir besoin d’une assistance personnelle plutôt sur des formats longs que des formats courts pour tout ce qui est de la gestion nutritive. Mais on peut également faire un Ultra sans aucune assistance, justement on a des sacs d’hydratation et des bénévoles qui sont là pour nous aider donc est-ce vraiment utile? Quand on ne joue pas les premières places, je dirais que ce ne sera pas utile pour la performance ; perdre 2 minutes à remplir vos propre flasque ne changera rien au résultat final.

En revanche, ça peut être un confort énorme : Moins de poids à porter (pour la nourriture notamment), moins de charge mentale (tout est prévu en amont), et surtout, un soutien inestimable (le plus important finalement).

Exemple perso :

Maxi Race 2025 : j’avais une assistance.

Utile pour la perf ? Non. Je portais quasiment toute ma nutrition car je voulais fonctionner au feeling. Je prenais le temps d’être avec mes proches aux ravitaillements et eux m’aidaient naturellement. Mais plus qu’utile pour le soutien moral, l’échange et le partage : ce fut indispensable finalement.

Super Cilaos Women Trail (28 km – 2300 D+, 3) : pas d’assistance.

Format court, objectif chrono de 5h. Je portais toute ma nutrition, rechargeais les flasques avec les bénévoles. Ai-je perdu du temps ? Absolument pas. Le résultat est plus que satisfaisant.
Peut-être que recevoir mes flasques aurait fait gagner quelques secondes mais ça n’aurait pas changé ma place.

Conclusion

Le plus important, c’est d’identifier ses besoins.
Chacun est différent : certains veulent une assistance quel que soit le format, d’autres non, certains organisent tout au millimètre près… chacun fait comme il le sent.

Mais une chose est sûre : le rôle de l’assistance est précieux.C’est incroyable de partager ce genre d’aventure, ça crée des souvenirs forts, on vit des émotions intenses. Et en tant que coureur, retrouver ses proches, être soutenu, c’est essentiel.

Je ne remercierai jamais assez mes proches pour leur présence, leur énergie, leur soutien. À chaque course, ils sont là et ça, c’est inestimable. Et à l’inverse, je suis très heureuse d’accompagner mes proches pour leur course également et les souvenirs tout au long.

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