Mon premier podium : La Super Cilaos Women Trail
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ToggleUne course entre nanas
Mars 2025, je suis à l’arrivée d’un trail de 20 km à Saint-Leu, sur l’île de La Réunion, où je vis depuis quelques mois. Je suis là pour encourager des copines engagées sur la course. À peine la ligne franchie, l’une d’elles me parle d’un trail 100 % féminin à Cilaos, prévu un mois plus tard, le 26 avril, et me pousse à m’y inscrire. Un coup d’œil à mon agenda : ça colle parfaitement avec ma prépa pour la Maxi Race du 31 mai. Ni une ni deux, je m’inscris sur le format long : 28 km et 2 200 m D+.
La Cilaos Women Trail, c'est quoi?
Un trail exclusivement féminin, dans le somptueux cirque de Cilaos, avec deux formats au choix :
- 20 km / 1 100 D+
- 28 km / 2 200 D+
Les courses 100 % féminines sont encore très rares dans le monde du trail. C’était la première fois que j’en entendais parler, et visiblement je ne suis pas la seule à être séduite : les dossards sont partis en un éclair. Ce type d’événement est vraiment inspirant : il peut motiver plus de filles à se lancer et à se sentir plus à l’aise sur une ligne de départ.
Mon objectif ?
C’était la première fois que je m’intéressais vraiment à la performance : chrono et classement. Sur mes précédents trails, je ne me fixais pas d’objectifs précis, j’étais plutôt du genre à me placer au milieu (voire à l’arrière) du peloton et à ne pas oser viser plus haut.
Mais cette fois, après plusieurs mois d’entraînement à La Réunion, je sentais que j’avais progressé. Alors je me suis lancée un défi : 5h de course, et un top 5.
Bien sûr, je savais que si je faisais 5h et terminais 20e, ce serait déjà une réussite. Et que 5h30 avec un top 5, ce serait aussi un super résultat.
Comment je fixe ce type d'objectif?
Je pars de mes allures d’entraînement, j’estime un chrono réaliste, puis je regarde les temps des années précédentes pour situer ce que ça pourrait donner en termes de classement. Voilà.
Mais surtout, je garde en tête que le plaisir reste l’objectif n°1. J’adore le trail, et si je souffre du début à la fin, sans prendre de plaisir, avec l’envie de ne jamais recommencer : ce serait un échec.
L'entrainement?
Préparant la Maxi Race fin mai, cette course tombait pile dans mes semaines de charge maximale. Je visais un pic d’entraînement de 100 km et 5 000 m D+ environ 6 semaines avant la Maxi. Parfait, ça tombe la semaine qui précède la course, je ferais une grosse décharge semaine de course et tout devrait bien se passer.
Les semaines précédentes, j’ai enchaîné les kilomètres et le dénivelé. Je faisais une séance de fractionné par semaine sur piste, et une séance à allure de course.
Quelle est mon allure de course ? Compliqué à dire sur un effort de 5h… Disons que je fonctionne en bpm. Durant 5h, je devrais pouvoir tenir un FC moyenne comprise entre 155 et 160 bpm, plus haut, je risque de péter. Du coup, pendant certaines sorties longues en endurance fondamentale, j’intégrais 2 à 3 phases de 10-20 minutes à cette intensité, pour habituer le corps et surtout enregistrer les sensations.
La semaine d’avant course : décharge totale. Repos physique et mental. J’ai couru 13 km au total, sur du plat, répartis sur deux sorties légères.
Les petits aléas
- 2,5 semaines avant la course : mon dos se bloque. Impossible de me pencher, de mettre mes chaussures, ou de rester debout. Allongée, ça va. Pratique.
Je traîne une faiblesse au dos par manque de renforcement musculaire. Et pourquoi je ne le fais pas ? La flemme. Ce qu’il ne faut surtout pas avoir… - Quelques jours plus tard : le Chikungunya. Épidémie sur l’île, tout le monde y passe.
Mon dos va mieux, mais les douleurs articulaires m’empêchent de courir quelques jours. Heureusement, tout rentre dans l’ordre juste à temps pour reprendre l’entraînement correctement.
Un mois avant la course, petit bivouac-reco à Cilaos avec des amis. On fait le parcours en entier. Superbe. Une première partie assez roulante, puis une section beaucoup plus technique avec du gros dénivelé qui casse bien les jambes. C’est dur mais c’est un effort intéressant.
Mon plan de course : ne pas partir trop vite, pour garder du jus pour le mur au km 13, alias « le Bloc » : 1 100 D+ sur 4,5 km. Je ne sais pas encore comment mon corps encaisse ce type d’intensité sur la durée, alors je reste prudente.
L’idée : rester entre 155 et 160 bpm, mais surtout avancer, profiter, et adapter. La montre ne doit pas dicter toute la course, on fonctionne aux sensations.
Jour J : Récit de course
Jour J : récit de courseDépart à 6h, lampe frontale obligatoire.
On a dormi sur place à Cilaos, évitant ainsi les mythiques 400 virages et les 1h30 de route. Bonne idée… sauf que 30 minutes avant le départ, mon dos me refait le coup du blocage, bien plus légèrement heureusement. Quand je me baisse pour serrer mes chaussures : douleur. Super timing. Je me dis que je vais quand même tenter, quitte à abandonner si ça ne passe pas.
Petit échauffement, et me voilà… sur la première ligne de départ. Grosse nouveauté pour moi. Visant un top 5, c’est logique, mais je me sens un peu illégitime, gênée même. D’habitude je me planque au milieu.
Je jette un œil à ma droite : une Réunionnaise affûtée, visiblement une fusée. Je pense : Mais qu’est-ce que je fous là, moi ?
Top départ.
Le rythme est très rapide. Beaucoup de filles partent devant, et je me dis que même les courses féminines partent à fond. Je reste calme : ma montre sonne, 4’40 au premier kilomètre. Rapide, mais je me sens bien, donc je continue.
Première descente : je rattrape et double quelques filles.
La descente, c’est mon terrain même si je râle de la technicité des descentes à la Réunion. Je m’emballe un peu dans une montée que je fais en courant et me rappelle à l’ordre : Ne pas s’enflammer.
Les kilomètres passent vite. En bas de Bras Rouge, on attaque la première vraie montée. Trois filles me passent, je les laisse filer. Je continue à mon rythme, seule, en me disant qu’elles sont sacrément fortes.
Au ravitaillement, je remonte un peu, puis direction Roche Merveilleuse. Je rattrape une fille qui m’avait doublée dans la montée précédente. Je vois que je progresse bien dans cette portion roulante.
Puis vient le fameux Bloc. Deuxième ravito express : juste le temps de remplir les gourdes. J’y dépasse une concurrente et repars.
Objectif montée : 1h20 en gestion. Je veux garder de l’énergie pour la redescente très technique.
À mi-montée, je croise Alex, qui est monté m’encourager. Grosse motivation ! Il m’annonce que je suis 4e ! Surprise, mais ravie.
Il ajoute que la 3e est bien 10 minutes devant. Ok, pas grave. Je poursuis.
À 1 km du sommet, une fille me dépasse avec aisance. Une autre est juste derrière, 10 secondes à peine. Petit coup au moral. Mais je serre les dents, m’accroche et grimpe plus fort. Finalement, la 6e ne me rattrape pas.
Place à la descente.
Je lâche tout, c’est très technique mais je veux conserver ma place.
Et là, surprise : je rattrape la coureuse qui m’avait doublée dans la montée ! Médaille en chocolat récupérée. Je continue à fond.
Descente raide jusqu’au plateau de Kerveguen, où m’attend la partie la plus technique, avec des mains courantes. Je prends un dernier gel, et c’est parti.
En milieu de descente, un randonneur me lance : « La coureuse est juste devant toi ! »
Je pense qu’il se trompe… mais non. Deux minutes plus tard, je la rattrape et la double.
Elle me lance, mi-rieuse mi-dépité : « Aaah je t’en veux de me doubler maintenant ! »
Oops.
Je fonce, déterminée à creuser l’écart avant le retour sur la route. En bas de Kerveguen, je prends un peu d’eau et me dis : 4 km restants, tu cours tout.
Je rattrape deux copines engagées sur la 20 km, dernier faux plat, derniers encouragements, je sais que j’ai fait le trou.
Je franchis la ligne toute heureuse, un peu incrédule : 3e place. 5h08 d’effort, plaisir du début à la fin. Mon premier podium, sur l’île de La Réunion en plus. Fière.
Et maintenant je peux dire : oui, j’ai le droit d’être sur la première ligne au départ.
Et côté nutrition?
Objectif : ne pas perdre de temps aux ravitos. Je n’ai rien pris à part de l’eau. Sur moi : 3 gels et 3 barres TA, consommés toutes les 45 minutes environ.Dès que je ressentais une baisse de régime : hop, on mange !
Fun fact : La fille ultra affûtée à côté de moi sur la ligne de départ qui m’impressionnait? Elle a bien terminée première.
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