Traversée de la Réunion : Le GRR2 en 9 jours
Une nouvelle île à traverser
En octobre 2024, je posais mes valises sur l’île intense pour une durée indéterminée. Ayant quitté mon CDI quelques mois plus tôt, mon projet était de découvrir cette île en m’y installant quelques mois. Mais pourquoi la Réunion ? Chaque année, des passionnés de trail s’élancent sur la mythique Diagonale des Fous (175 km pour 10 000 m de dénivelé positif). Intriguée par cette île, sa culture et son cadre naturel, je voulais vivre pleinement cette aventure et m’immerger dans cet univers où tout le monde semble courir ou s’y mettre.
Dans ce voyage, traverser l’île via le GRR2 était une évidence. Bien décidée à explorer ses paysages époustouflants au travers ses célèbres cirques, j’ai entrepris cette aventure avec une amie rencontrée un an plus tôt sur le GR20.
La traversée peut s’effectuer du nord au sud ou inversement. Nous avons choisi de partir du nord, pour une aventure répartie sur 8 jours. Il est tout à fait possible d’adapter les étapes à votre rythme, en fonction des lieux d’arrêt.
Les étapes détaillées :
• Jour 1 — Camp Mamode -> Dos d’Ane (par Roche Écrite)
Distance : 23,4 km — D+ 1350 m / D- 1540 m — Temps : 8h
• Jour 2 — Dos d’Ane -> Ilêt à Bourse
Distance : 18,6 km — D+ 1280 m / D- 1380 m — Temps : 8h15
• Jour 3 — Ilêt à Bourse -> La Nouvelle
Distance : 21,4 km — D+ 2130 m / D- 1590 m — Temps : 10h
• Jour 4 — La Nouvelle -> Cilaos
Distance : 20,2 km — D+ 1444 m / D- 1717 m — Temps : 8h30
• Jour 5 — Cilaos -> Sommet du Piton des Neiges
Distance : 13,7 km — D+ 2124 m / D- 204 m — Temps : 5h30
• Jour 6 — Sommet du Piton des Neiges -> Bourg Murat
Distance : 22,2 km — D+ 464 m / D- 2124 m — Temps : 6h30
• Jour 7 — Bourg Murat -> Gîte du Volcan
Distance : 21,5 km — D+ 1211 m / D- 431 m — Temps : 6h
• Jour 8 — Gîte du Volcan -> Cap Méchant (Basse Vallée)
Distance : 24,5 km — D+ 140 m / D- 2470 m — Temps : 7h30
Déroulé de nos journées
Jour 1 : Camp Mamod → Dos d’Âne via Roche Écrite
Pour cette première journée, cap sur le Camp Mamod, accompagnés d’amis motivés, qui ont décidé de nous suivre jusqu’au sommet de Roche Écrite. Réveil à l’aube (la fameuse tactique pour espérer croiser une vue avant que les nuages ne tirent le rideau). Nous sommes partis directement du parking de Camp Mamod, mais certains préfèrent démarrer depuis Saint-Denis. Il est aussi possible de s’en approcher en bus.
Départ à 8h30 direction le gîte de Roche Écrite. Bien chargés, nous laissons nos sacs au gîte le temps d’un aller-retour au sommet. Manque de chance, le sommet était déjà enveloppé de nuages à peine 11h passées. Pour profiter de la vue, il faudra viser bien plus tôt ! Ayant eu la chance d’y retourner quelques semaines plus tard (vive la vie sur place), je peux vous confirmer que la vue sur Salazie et, en bonus, Mafate, vaut franchement l’effort.
Après le déjeuner au gîte (vous pouvez d’ailleurs acheter un repas sur place), on a laissé nos amis derrière nous pour filer vers Dos d’Âne. Petite précision : cette portion est splendide quand le ciel est dégagé. Le sentier longe les crêtes et offre des panoramas de carte postale sur le cirque de Mafate. En approchant de Dos d’Âne, un détour par Roche Vert Bouteille vous offre, selon moi, LA plus belle vue sur Mafate — si la météo daigne se montrer sympa, évidemment.
Une fois arrivés à Dos d’Âne, direction la Ferme de Bellevue pour poser la tente. Coup de chance : il y avait un abri, bien utile vu que la pluie s’était déjà invitée depuis quelques heures. Dormir au sec en début d’aventure ? Inestimable.
Jour 2 : Dos d’Âne → Îlet à Bourse
Entrée dans le mythique cirque de Mafate ! Ici, pas de route, pas de voiture, juste des jambes, et parfois, un hélicoptère (version urgence uniquement).
Une belle descente jusqu’à la Rivière des Galets, avec quelques passages équipés d’échelles pour pimenter le tout. Puis une portion de plat en longeant la rivière, où une pause baignade fait toujours plaisir.
Ensuite, direction Aurère pour une pause déjeuner bien méritée. Un snack / boulangerie propose sandwiches et gourmandises (mieux vaut appeler la veille pour réserver, surtout en haute saison). Après la pause, cap sur Îlet à Malheur puis Îlet à Bourse, où nous avons planté la tente sur le terrain face à l’école, un spot autorisé et bien pratique.
Cette journée, c’est Mafate dans toute sa splendeur : sommets souvent coiffés de nuages dès midi, mais au fond du cirque, l’ambiance reste douce et protégée.
Jour 3 : Îlet à Bourse → La Nouvelle
Une étape qui tape dans les mollets ! Bienvenue dans Mafate, royaume des escaliers XXL et des descentes casse-genoux. L’itinéraire : Grand Place les Hauts, Cayenne, puis la remontée vers Les Lataniers et Les Orangers, où une pause s’impose.
Après avoir rechargé les batteries, direction Roche Plate pour la pause déjeuner. Ici, méfiance : trouver quelque chose d’ouvert à midi tient souvent du miracle. Mon conseil : anticipez en commandant un sandwich au gîte la veille, ou embarquez votre propre casse-croûte (vive les lyophilisés et le réchaud).
Une fois ravitaillés, nous avons choisi de rejoindre La Nouvelle par le fond de Mafate, l’itinéraire le plus court, mais attention : depuis les cyclones, le sentier oblige à traverser plusieurs fois la Rivière des Galets. Vérifiez bien votre trace GPS pour éviter de vous perdre, et traversez chaussés ! Mon entêtement à vouloir le faire pieds nus m’a valu un orteil en moins dans la dignité.
À La Nouvelle, un snack ouvert toute la journée vous permettra de refaire le plein (mention spéciale au combo sandwich + Orangina + tablette de Crunch). Pour le bivouac, les habitants nous ont gentiment conseillé de poser la tente devant la petite église du village.
Jour 4 : La Nouvelle → Cilaos
Encore quelques heures pour savourer Mafate avant de changer d’ambiance. Direction Marla, puis montée vers le mythique col du Taïbit (plus doux dans ce sens, moins de grimpette, on ne va pas s’en plaindre).
Après une longue descente vers Bras Rouge, on remonte en direction de Cilaos, avec quelques variantes possibles : passer par le bassin Fouquet par exemple au lieu de Bras Rouge. Une fois à Cilaos, pause déjeuner bien méritée à la Mare à Joncs, où restos et snacks ne manquent pas.
Le soir, on plante la tente au camping Chez Julien : douche garantie après quelques jours de toilette express façon bivouac, entre robinet d’îlet et rivière.
Jour 5 : Cilaos → Piton des Neiges
Une étape courte en kilomètres, mais avec 1700 mètres de dénivelé positif au compteur, les cuisses ont de quoi râler. Ce jour-là, nous avons rejoint des amis d’Annecy, rencontrés sur le GR, qui avaient fait une pause d’une journée à Cilaos.
Cap vers le Bloc, puis petite halte au gîte de la Caverne Dufour (si vous espérez acheter de l’eau, croisez les doigts : le gardien peut se montrer… disons capricieux). Le temps était couvert, mais nous avions décidé de pousser jusqu’au sommet pour y planter la tente, espérant un lever et coucher de soleil magique.
Et là, jackpot : au-dessus des nuages, le plus beau coucher de soleil de l’île. Si vous hésitez entre le lever ou le coucher : faites les deux ! Mais si je devais choisir, le coucher reste mon coup de cœur.
Pensez à bien gérer votre stock d’eau : il n’y a qu’une source sur la montée, parfois coupée, et les chances d’acheter de l’eau au gîte dépendent plus de l’humeur du gardien que de votre soif…
Jour 6 : Piton des Neiges → Bourg Murat
Réveil hors norme avec un lever de soleil sur l’océan en guise de réveil. Après avoir replié la tente, direction le gîte pour se réchauffer et petit-déjeuner (et, si le gardien l’accepte, acheter de l’eau pour la suite, car la journée est longue et sans point d’eau).
Descente par le Coteau Kerveguen avec vue plongeante sur Cilaos, puis plongée dans les zones boueuses bien connues, sous une pluie fine, fidèle à elle-même.
Changement radical de décor en arrivant à Bourg Murat : ambiance prairies vosgiennes, le contraste est surprenant après Mafate et le volcan. Installation dans le Bois de Bourg Murat, avec robinet et table de pique-nique à disposition, avant d’aller faire un ravitaillement dans les petites supérettes du coin.
Jour 7 : Bourg Murat → Piton de la Fournaise
Changement de décor, cap vers un autre volcan. Avant de partir, j’avais entendu dire que les étapes après Mafate et le Piton des Neiges manquaient de magie… Faux ! Cette journée est un régal.
Passage par le Nez de Bœuf et ses vues vertigineuses sur la Rivière des Remparts, traversée de la Plaine des Sables, avant de rejoindre le Pas de Bellecombe et le Piton de la Fournaise.
Pas d’aller-retour jusqu’au cratère Dolomieu cette fois-ci, nous l’avions déjà exploré. Petite halte au gîte du volcan pour refaire le plein d’eau (attention, non potable, mais mise à disposition). Nuit en bivouac non loin, sous un ciel limpide mais avec une bonne fraîcheur, altitude oblige.
Jour 8 : Piton de la Fournaise → Basse Vallée
Dernière journée et pas des moindres : redescente jusqu’à l’océan. Le début d’étape est splendide : contour du volcan, vues époustouflantes, avant de plonger dans les forêts humides et racineuses, jusqu’au gîte de Basse Vallée (pause repas et boisson).
Encore une petite heure de marche et nous voilà à Basse Vallée, direction Cap Méchant pour admirer l’océan qui signe la fin de cette traversée incroyable de La Réunion.
Une expérience inoubliable
On ne l’appelle pas l’île intense pour rien… et franchement, je n’aurais pas pu trouver meilleur surnom ! Tout au long de cette traversée, les paysages se sont enchaînés et m’ont littéralement coupé le souffle (et pas uniquement à cause du dénivelé). Mafate restera, sans aucune hésitation, mon endroit préféré sur cette île. Ce cirque mythique, accessible uniquement à pied, et d’où l’on ne peut ressortir autrement qu’à la force des mollets, offre une expérience hors du temps. Entre la chaleur étouffante et ces innombrables marches qui n’en finissent plus, tout y devient magique, presque irréel.
Ce qui rend la Réunion si unique, c’est cette diversité absolument folle : en une seule journée, on peut passer d’un désert volcanique brûlé par le soleil, sans la moindre végétation, à une forêt tropicale luxuriante, débordante de faune et de flore. Chaque étape, chaque détour, chaque sommet nous réservait son lot de surprises et de merveilles.
Et comment ne pas parler des Réunionnais ? Leur gentillesse et leur accueil sont à la hauteur de la réputation de l’île. Que ce soit sur les sentiers, où l’échange se fait toujours avec le sourire, entre bons plans, partages d’expériences et discussions sur les meilleures vues, ou dans les îlets, où nous avons toujours été accueillis avec chaleur et simplicité. Un immense merci à eux !
Cette traversée restera, sans aucun doute, l’une de mes plus belles aventures. Pour les paysages, pour les rencontres, pour l’effort… mais surtout pour tout ce qu’on y a vécu et découvert. Une expérience gravée dans le cœur (et dans les cuisses).
Trucs & Astuces
- Période idéale : d’octobre à janvier (après l’hiver austral et avant la période cyclonique).
- Bivouac :
- À Dos d’Ane : Nuit à la Ferme de Bellevue (15 €/personne en tente).
- Dans Mafate : Le bivouac est facile dans les îlets. Demandez aux habitants ou aux gîtes où poser votre tente.
- À Cilaos : Camping Chez Julien (10 €/personne en tente ; repas : 9,50 € ; petit-déjeuner : 5 €).
- À Bourg Murat : Bivouac dans le Bois de Bourg Murat (rue Alfred Picard), avec sanitaires et point d’eau.
- Au volcan : Bivouac sauvage près du Pas de Bellecombe, eau disponible au Gîte du Volcan.
- Ravitaillement : Possible tout au long du GR, notamment dans les îlets de Mafate.
- Eau : Prévoir assez d’eau pour l’étape Cilaos -> Sommet du Piton des Neiges -> Bourg Murat, car seuls deux points d’eau sont disponibles (montée du Bloc et Gîte de la Caverne Dufour, parfois en rupture de stock ou fermé).
- Changement d’itinéraire : Entre le Coteau de Kerveguen et Bourg Murat, le GRR2 ne passe plus par Mare à Boue. Suivez simplement les panneaux pour éviter les erreurs.
- Extensions :
Le GRR2 inclut trois extensions incontournables : Roche Écrite, Piton des Neiges, et Piton de la Fournaise. Ces lieux sont à visiter absolument, que ce soit pendant ou après votre traversée.
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